Le retour de l’argent liquide : la Suède et la Norvège misent à nouveau sur le cash
Il y a encore quelques années, la Suède et la Norvège étaient considérées comme des pionnières de la société sans argent liquide. La Suède devait presque totalement abandonner les espèces d’ici 2025.
Aujourd’hui, neuf paiements sur dix y sont effectués de manière numérique, principalement par carte de crédit ou via des services mobiles comme Swish (en Suède) ou Vipps MobilePay (en Norvège). Mais un changement de perspective s’opère désormais dans les pays nordiques : la Suède et la Norvège souhaitent à nouveau renforcer l’accès à l’argent liquide.
Résilience plutôt qu'efficacité
Ce revirement de position s’explique par les expériences récentes et les leçons tirées de l’actualité. La guerre en Ukraine, les cyberattaques et les incertitudes géopolitiques croissantes ont mis en lumière la vulnérabilité d’une infrastructure de paiement entièrement numérique en cas de crise. Si le courant électrique ou les réseaux de données tombent en panne, les paiements risquent de ne plus être possibles.
En Suède, le ministère de la Défense a recommandé en novembre 2024 aux ménages d’utiliser régulièrement de l’argent liquide et de conserver une réserve hebdomadaire. En Norvège, une loi impose désormais aux commerçants d’accepter les paiements en espèces, sous peine d’amende en cas d’infraction.
L’argent liquide comme élément de la défense civile
La banque centrale suédoise ainsi que le gouvernement reconnaissent désormais que, en temps de crise, la sécurité et l’accessibilité des moyens de paiement sont au moins aussi importantes que leur efficacité ou leur confort. L’État se considère responsable de garantir à toutes et tous une option de paiement fiable, indépendamment de l’infrastructure numérique.
Un exemple pour l’Europe
Les initiatives suédoises et norvégiennes pourraient faire figure de modèle pour d’autres pays européens. La Bundesbank allemande a récemment souligné l’importance de garantir l’approvisionnement en espèces, y compris en période de crise.
Pour l’industrie graphique et d’autres secteurs, cela signifie qu’il est pertinent de continuer à proposer et accepter les paiements en espèces, afin de rester résilients et prêts à faire face aux imprévus.